masks.brussels
Comment un état de crise a pu révéler un magnifique projet.
Local . Social . Collaboratif . Durable
Circuit court . Circulaire . Ecologique . Scale-up
Nous avons vécu cette expérience dans la grandeur de nos forces, de nos doutes, de nos peurs. Rien ne pouvait se prévoir, tout arrivait au fur et à mesure, nous écrivions nos noms sur les stylos, les marqueurs pour ne pas nous les transmettre et nous protéger. Des journées de 16h, 7/7, nous avancions dans l’inconnu, au cœur d’une catastrophe invisible, impalpable mais toujours portés par cette incroyable énergie d’hommes et de femmes qui œuvrent ensemble et cet enthousiasme d’apporter ensemble une solution à la communauté.
13 mars
Tout commence quand Emmanuel Mossay d’ECORES, Expert en Economie Circulaire & Gestionnaire de projets, contacte TRAVIE après avoir constaté le besoin catastrophique de protection dans les hôpitaux. Il demande à Jean-François Ghys, directeur de TRAVIE, si l’espace disponible peut accueillir un atelier de couture au pied levé pour lancer la fabrication de masques.
16 & 17 mars
Il faut alors trouver des machines, des intervenants, des gens des arts et métiers , tout prend place puis…
18 mars
Le confinement est annoncé, il est impossible d’installer comme prévu 80 machines dans l’atelier avec toutes les règles de distanciation sociale à respecter.
Dans un contexte anxiogène d’interrogations et de méconnaissances du danger, et des risques, découvrant comme tout le monde les droits et les obligations en terme sanitaire et logistique au jour le jour, la solution est alors trouvée : s’appuyer sur des personnes bénévoles qui ont une machine à coudre à domicile dans Bruxelles.
Le même jour, au 4ème étage de TRAVIE, une équipe de crise est mise en place. Un QG est monté avec des jeunes, des stagiaires, des communicants,… et tous ceux qui pouvaient apporter leur contribution. Toutes les énergies ont été réunies pour trouver des bénévoles et d’une façon très pragmatique, savoir quoi demander, sous quelle forme et avec quelle matière ? Le mouvement est lancé mais tout reste à faire.
Un objectif de 100.000 masques à produire est annoncé.
Créer des masques oui, mais c ’est quoi un masque ? Il faut accompagner les bénévoles ! Créer des patrons avec l’aide d’une couturière professionnelle, faire des tutos, réaliser des films, acheter du tissus, des élastiques, du ruban,… Les étapes se succèdent et les intervenants donnent leur maximum.
TRAVIE va assurer la préproduction et la découpe, préparer des cartons de kits de 50 tissus, cordons, rubans prêts à être assemblés. Les notices expliquant la qualité du masque anti projections sont également fournies dans les kits. Chaque bénévole pourra garder 5 masques pour son usage personnel.
Avec toutes les données inconnues du moment, TRAVIE obtient le mandat de la Région Bruxelles, soutenu par Madame Barbara Trachte Secrétaire d’État à la Transition Économique du Gouvernement bruxellois & Ministre-Présidente de la CoCoF ainsi que de Monsieur Alain Maron, Ministre de l’Environnement et du Climat, de l’Économie, de la Propreté et de l’Énergie. Tous deux s’engagent à un moment où personne encore n’ose avancer la moindre certitude.
19 mars
À 15h, une conférence de presse en présence des 2 ministres, est donnée chez TRAVIE.
La communication sur les réseaux sociaux bat son plein, la RTBF et d’autres encore parlent du projet.
À 17h, ouverture d’un call center pour 3 jours, de 17h à 21h qui permettra de recruter des bénévoles pour assembler les kits.
Mise en place d’une plateforme informatique, qui peut servir le projet et assurer la traçabilité de la production (demandes, envois, réceptions, livraisons, …) Une jeune start-up, NPE, se lance et travaille jour et nuit.
Samedi soir, le call center ferme, nous avons recruté 1500 bénévoles ayant les compétences nécessaires à la réalisation de la mission.
Une hotline pour les bénévoles est ouverte avec 6 personnes pour en assurer le suivi.
Entre le 19 et le 24 mars
Prise de contact avec URBIKE afin de définir le cadre de travail et la mission de transport des boîtes avec des vélos cargo électriques.
Réception des matières premières et découpe des tissus, élastiques et rubans.
Pendant ce temps le travail avec la Région continue, IRISCare, une antenne de la région va recevoir les masques et les valider.
25 mars
Les premières boîtes de kits sont livrées, la production est lancée.
Parfois 7 vélos, avec chacun jusqu’à 40 boîtes à livrer dans la journée.
Puis tout continue de se mettre en place : produire les étiquettes, suivre la production, assister les bénévoles si besoin, mettre en place un contrôle qualité, un contrôle quantité. Très vite, nous avons constaté une très bonne qualité de réalisation des masques. Champion.ne.s les bénévoles !
Entre le 25 mars et le 13 mai
Relance des recrutements : + 700 pour un total de 2.200
C’est le nez dans le guidon, portés par une incroyable énergie et un enthousiasme phénoménal que nous avons livré au total 240.400 masques en seulement 1.5 mois !
Une grande réussite qui nous a amené au constat suivant :
Commercialisation des masques par TRAVIE
Nous avons mis en place un beau projet qui porte de grandes valeurs. Pourquoi ne pas profiter de cette belle expérience pour lancer cette chaîne de solidarité en chaîne de production, en donnant et en redonnant de l’expertise, des valeurs et du travail Bruxelles ? Un nouveau projet économiquement viable : vendre les masques et payer ceux qui les fabriquent.
Pourquoi ne pas faire appel aux couturières de Bruxelles, aux gens du spectacle, aux ateliers de couture et aux gens qui ont besoin de compléter leurs revenus pendant la crise ? Tous ceux qui n’avaient pas la structure existante de facturation pourront travailler en passant par la coopérative SMART pour être rémunéré dans le cadre d’un vrai contrat de travail.
Aujourd’hui le produit a évolué. Il est plus « haut de gamme » : double couche et étanchéité supérieure. On a acheté les tissus et décidé du modèle 3 plis, avec une ouverture en partie inférieure pour y glisser si souhaité, un filtre supplémentaire non indispensable.
Juin 2020
Démarrage d’un atelier de production chez TRAVIE avec la formation d’une vingtaine de travailleurs handicapés pour compléter le dispositif de production de couturiers indépendants déjà en place.